Paroles de Sur Un Prélude De Bach

Maurane
Lorsque j'entends ce prélude de Bach
par Glen Gould ma raison s'envole
vers le port du havre et les baraques
et les cargos lourds que l'on rafistole
et les torchères les grues patraques
les citernes de gasoil
Toi qui courais dans les flaques
moi et ma tête à claques
moi qui te croyais ma chose, ma bestiole
moi je n'étais qu'un pot de colle
Lorsque j'entends ce prélude de Bach
par Glen Gould ma raison s'envole
et toutes ces amours qui se détraquent
et les chagrins lourds, les peines qu'on bricole
et toutes mes erreurs de zodiaque
et mes sautes de boussole
Toi les pieds dans les flaques
moi et ma tête à claques
j'ai pris les remorqueurs pour des gondoles
et moi, moi je traîne ma casserole
Dans cette décharge de rêve en pack
qu'on bazarde au prix du pétrole
pour des cols blanc et des corbacs
qui se foutent de Mozart, de Bach
J'donnerais Ray Charles, Mozart en vrac
la vie en rose, le rock'n roll
tous ces bémols et tous ces couacs
pour Glenn Gould dans l'prélude de Bach
InterprèteMaurane
LabelPolydor (France)
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Explication de Sur Un Prélude De Bach

" Sur un prélude de Bach ", est l’une des chansons des plus emblématiques de Maurane sortie en 1991, extraite de son troisième album " Ami ou Ennemi, celle-ci la propulse au devant de la scène et l'album obtient un disque de platine. Le texte, quant à lui, a été écrit par le célèbre parolier Jean-Claude Vannier, un grand compositeur et arrangeur... (Melody Nelson, que je t'aime, laisse-moi t'aimer....).

La douce musique de la prélude épouse parfaitement la voix de velours de Maurane qui en fait une interprétation mélodieuse.

Cette chanson évoque incontestablement des souvenirs nostalgiques d'une idylle perdue mi-douce, mi-amers qui s'est déroulée dans un cadre lourd et triste, et où la narratrice s'attache à convoquer cette relation complexe et ambivalente et où elle se reproche d'avoir été trop possessive avec son amant.

 La dureté de certaines sonorités et d'images décrivant avec tant de justesse les ratés de nos premières amours et le tempérament de nos contrées et les lourdes déceptions .



le texte apparaît comme bâti sur deux stéréotypes : celui de la musique qui rappelle des souvenirs et celui de la nostalgie d’un amour perdu. Tous deux sont manifestement assumés par l’auteur, le texte étant écrit au premier degré, sur un ton qui relève à la fois de la nostalgie, de l’amertume et du lyrisme.


Le texte se signale en effet à la fois par un univers référentiel contrasté et paradoxal (grisaille prosaïque du Havre vs classicisme de la musique de Bach) et par le traitement singulier de la langue qui fait place à un jeu de rimes caractérisé par la monotonie et qui présente des références à tous les niveaux ;

la bande son se distingue par l’hommage paradoxal qu’elle adresse à la fois à Bach et à Glenn Gould, mais aussi par le contraste qu’elle dégage par rapport à l’univers évoqué par le texte ;

 Quant au clip, il se caractérise par une mise en scène « romantique » en décalage complet avec le texte, cela nous renvoi au film de Jane Campion « La leçon de Piano », célèbre entre autres pour ses scènes montrant un piano échoué sur la plage.

Maurane, cette chanteuse belge, auteur, compositeur s'est éteinte, à l'âge de 57 ans, dans la nuit du 7 au 8 mai 2018. Elle fût l'une des plus belles voix de ces dernières décennies de la chanson française. Avec, notamment, ce titre inoubliable qui la rend, grâce au miracle de l'art, sinon immortelle du moins éternelle. Hommage, donc, à cette grande et belle dame ! qui restera un hymne féminin à la ville du Havre.